Au long des prés, l’Argent fredonne.
« Dites, père, il a toujours existé, le moulin ? »
François Blanchard hausse les épaules : cette drôlesse de neuf ans le fatigue avec ses questions. Pourtant il est fier de voir qu’elle s’intéresse à tout.
« Celui-ci, sans doute que non ; mais il y en a sûrement eu d’autres, au même endroit, depuis longtemps.
- Depuis combien de temps ? »
1731 : Jaquette Blanchard voit le jour au moulin de Chantereine, paroisse du Pin, un bourg paisible du Bocage bressuirais. Aînée de sept filles, elle grandit, découvre le monde, et s’y fait une place malgré de lourdes épreuves familiales. Elle ne sait pas que l’Ancien Régime s’achemine vers sa fin, et qu’il sera bien difficile de vivre ici, à partir de 1789, en plein cœur de cette région qu’on appellera la Vendée militaire.
J’habite Le Pin depuis 1984. Ma voisine et amie Noëlle Pouplin, ancien maire et historienne, m’a confié l’armature chronologique de ce récit. Jaquette est son aïeule, et celle de presque tous les habitants de la commune, sans compter ceux qui sont partis vers le Nouveau Monde.
En rédigeant ce récit, je me suis prise d’affection pour cette femme courageuse qui lutta toute sa vie contre l’adversité, au long d’un destin semé d’embûches : celles de la nature et de la société, et celles, terribles, de l’Histoire.
L'ouvrage Jaquette Blanchard, meunière au Pin a été lauréat 2021 du Prix La Rochejacquelein, décerné au salon du livre de Cerizay.